Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/108

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M. de Trénilly et de l’amener dans le petit jardin.

Blaise fut très-surpris d’être demandé par M. le comte ; son père lui dit qu’il devait obéir, et malgré sa répugnance il se dirigea vers le jardin de Jules et d’Hélène, où il croyait trouver le comte. En apercevant Jules, il voulut se retirer, mais Jules courut à lui et l’entraîna vers un carré de légumes en lui disant :

« Papa te fait dire d’arracher ces légumes, de bêcher tout cela et d’y planter des fleurs du potager.

— Je n’ai pas apporté ma bêche, dit Blaise.

— Cela ne fait rien ; tu vas prendre celle d’Hélène », dit Jules avec joie et empressement, car il s’était attendu à un refus, sentant bien que Blaise devait se trouver gravement offensé.

Le pauvre Blaise, ne voulant pas désobéir à un ordre qu’on lui donnait de la part de M. de Trénilly, prit la bêche sans mot dire et commença son travail.

Jules.

Pourquoi ne parles-tu pas, Blaise ? tu es toujours si gai et si disposé à causer.

Blaise.

Je ne le suis plus, monsieur.

— Pourquoi ? dit Jules en rougissant, car il ne devinait que trop la cause du silence et du sérieux de Blaise.