Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/147

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« C’est la cendre ! s’écria Blaise. Le médecin avait raison.

— C’est évidemment la cendre, répéta Hélène. Quel bonheur de revoir mes pauvres poulets vivants, et quelle bonne idée tu as eue, mon bon Blaise ! Sans ton bon conseil, je les aurais perdus, car je les aurais enterrés de suite. Va vite leur chercher à manger. Je vais pendant ce temps les porter à leur poulailler, où tu me trouveras.

— Irai-je à la cuisine, Mademoiselle, pour demander du pain et du lait ?

— Non, non, ne va pas à la cuisine. Maman a défendu que tu entres au château.

— Ainsi on me croit toujours un vaurien, un voleur, dit Blaise en soupirant. C’est triste, mais c’est bon, car j’en ferai mieux ma première communion, en supportant ces affronts avec courage et douceur… Je vais demander à maman ce qu’il nous faut pour les poulets. Ne vous impatientez pas, mademoiselle, si je suis un peu longtemps ; il y a loin d’ici chez nous, l’avenue est longue. »

Hélène resta près de ses poulets ; elle aussi était triste, car elle sentait combien était injuste la mauvaise opinion qu’on avait de Blaise, et elle s’affligeait que ce fût son frère qui eût fait tout ce mal.

« Pauvre Blaise ! se dit-elle en le regardant s’éloigner. Le bon Dieu fera sans doute connaître son