Le lendemain, après le déjeuner, Hélène demanda à sa mère la permission d’enterrer les poulets et de faire venir Blaise pour l’aider. Mme de Trénilly y consentit, à la condition que Blaise ne mettrait pas les pieds au château ni dans le jardin de Jules. Hélène le promit et ajouta en souriant que la défense serait probablement très-bien reçue, car le pauvre Blaise ne devait avoir nulle envie de se retrouver avec Jules. Elle rencontra Blaise au milieu de l’avenue ; il venait chercher les poulets pour leur préparer une fosse.
« Tu viens m’aider à enterrer mes poulets, n’est-ce pas, mon cher Blaise ? Ne passons pas devant le château, pour que Jules ne te voie pas et ne vienne pas nous rejoindre.
— Je n’ai nulle envie de le voir, mademoiselle, je vous assure bien. Il me demanderait de venir avec lui que je refuserais, car, je suis fâché de vous le dire, mademoiselle, puisqu’il est votre frère, mais je n’ai jamais rencontré de garçon aussi méchant pour moi que l’est M. Jules… Mais nous voici arrivés ; allons prendre nos pauvres morts. »
Blaise tourna la clef, poussa la porte et fit un cri de surprise que répéta immédiatement Hélène, entrée avec lui. Les poulets qu’on avait cru morts étaient vivants, bien vivants, sautant sur leur tonneau de cendre, et ouvrant le bec pour demander à manger.