Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/15

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père et sa mère l’écoutent, et qu’ils grondent les pauvres domestiques. Je dis, moi, que c’est méchant.

Madame Anfry.

Et qu’est-ce que ça te fait, à toi ? Tu n’es pas leur domestique ; tu n’as pas à te mêler de leurs affaires. Reste tranquille chez toi, et ne va pas te fourrer au château comme tu faisais toujours du temps de M. Jacques.

Blaise.

Ah ! mon pauvre petit M. Jacques ! En voilà un bon et aimable comme on n’en voit pas souvent. Il partageait tout avec moi ; il avait toujours une petite friandise à me donner ; une poire, un gâteau, des cerises, des joujoux ; et puis, il était bon et je l’aimais ! Ah ! je l’aimais !… Je ne me consolerai jamais de son départ. »

Et Blaise se mit à pleurer.

Madame Anfry.

Voyons, Blaise, finis donc ! Quand tu pleurerais tout ce que tu as de larmes dans le corps, ce n’est pas cela qui les ferait revenir. Puisque son père a vendu aux nouveaux maîtres, c’est une affaire faite, et tes larmes n’y peuvent rien, n’est-ce pas ? Moi aussi, je regrette bien M. et Mme  de Berne, et tu ne me vois pourtant pas pleurer… »

Mme  Anfry fut interrompue par le claquement d’un fouet et une voix forte qui appelait :