Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/150

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c’est Blaise et moi qui les avons élevées, puis sauvées de la mort.

Jules.

Que tu es bête ! Tu crois que Blaise voulait les sauver ? Il a dû être bien attrapé quand il a vu qu’au lieu de les manger pour son dîner il aurait encore à les soigner ! »

Hélène ouvrit la bouche pour répondre vertement, mais elle se contint, et, jetant sur son frère un regard qui le fit rougir, elle se contenta de dire :

« Ne parle pas mal de Blaise devant moi, Jules ; tu sais la bonne opinion que j’en ai et l’amitié que j’ai pour lui. Je la lui doit en compensation du tort que tu lui as fait, et je ne souffrirai pas qu’on le calomnie en ma présence, sans prendre sa défense et sans dire les choses comme je les sais. »

Jules resta muet devant le regard fixe et ferme de sa sœur. Il se borna à dire, en levant les épaules :

« Que tu es sotte ! » et quitta la chambre.

Mme  de Trénilly avait fini de commander au cuisinier le déjeuner et le dîner ; elle ne fit pas attention à la fin de la discussion d’Hélène et de Jules, et reprit sa lecture interrompue.

Il ne fut plus question des poulets. Hélène les avait transportés chez Mme  Anfry, de peur que Jules n’eût la fantaisie de les attraper et de les