Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/162

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mécontent du comte la terrifiait ; aussi ne tarda-t-elle pas à s’esquiver sous un léger prétexte ; elle prévint ses enfants de ne pas entrer dans la salle, de peur de se faire gronder par M. le comte, qui n’avait pas l’air aimable, disait-elle, et elle alla voir qui on pourrait mettre à la place de Blaise.

Les enfants de la ferme, dont le plus âgé avait huit ans et le plus jeune quatre, se gardèrent d’abord d’entrer dans la salle ; mais la crainte fit bientôt place à la curiosité ; l’aîné, Robert, alla tout doucement regarder à la fenêtre pour voir comment était la figure peu aimable de M. le comte. Il recommanda à ses frères de l’attendre dehors et de ne pas bouger. Peu de minutes après il revint et leur dit à voix basse :

« Je l’ai vu ; il est affreux ; il a l’air méchant tout à fait. Il a levé les yeux, je me suis sauvé bien vite.

— Je vais y aller voir à mon tour, dit François ; il doit être effrayant.

— Va, mais ne fais pas de bruit ; qu’il ne t’entende pas, dit Robert ; il te battrait. »

François partit aussitôt et revint comme son frère, mais bien plus effrayé.

« Ses yeux brillent comme des chandelles, dit-il, je crois qu’il m’a vu ; il s’est levé et a regardé à la fenêtre comme s’il voulait sauter au travers ; je me suis sauvé ; j’ai eu bien peur.