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Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/163

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— Laisse-moi aller aussi, dit Alcine, le plus jeune ; j’ai tant envie de voir ses yeux qui brillent !

— Va, Alcine, mais prends bien garde qu’il ne te voie. Reviens tout de suite. »

Alcine partit enchanté, quoique son cœur battît de frayeur. Il marcha sur la pointe des pieds en approchant de la fenêtre et chercha à voir, mais il était trop petit, il ne voyait rien. Alors il voulut grimper sur le rebord de la fenêtre et y réussit après beaucoup d’efforts. Le bruit qu’il faisait attira l’attention du comte, qui se leva et se dirigea vers la fenêtre au moment où Alcine parvenait à y monter. Le pauvre enfant poussa un cri de frayeur en voyant arriver à lui ce terrible croquemitaine dont ses grands frères avaient eu peur. Le comte, voyant l’enfant tout prêt à dégringoler, ouvrit précipitamment la fenêtre et le saisit par le corps. Le pauvre Alcine crut que c’était pour le dévorer, et il se mit à crier plus fort en appelant ses frères à son secours.

« Il me tient ! il va me manger ! Au secours ! au secours ! Robert, François, au secours ! »

Le comte, étonné de l’effet qu’il produisait, posa l’enfant par terre au moment où les frères, bravant le danger, accouraient, armés, l’un d’une fourche, l’autre d’un râteau. Ils ouvrirent précipitamment la porte et s’élancèrent sur le comte,