Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/169

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se dirigea vers la ferme sans trop hâter le pas… Il arriva jusqu’à la salle, ouvrit lentement la porte et tressaillit d’aise : le comte n’y était plus.

« Il est parti, il est parti ! cria Blaise à la fermière et aux enfants ; vous pouvez venir, il n’y a plus de danger. »

À peine avait-il achevé ces paroles qu’il aperçut à dix pas de lui le comte sortant d’une bergerie. Il avait reconnu la voix de Blaise et s’empressait de lui parler pour l’emmener, lorsqu’il entendit le joyeux appel à la famille du fermier.

« Ah çà ! dit-il en fronçant le sourcil, pour qui me prend-on ici ? Un des marmots que j’empêche de tomber du haut de la fenêtre croit que je vais le manger ; deux autres m’attaquent avec une fourche et un râteau comme si j’étais une bête féroce. Et voilà que toi, Blaise, tu appelles, me croyant parti, en criant qu’il n’y a plus de danger ! Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

— Monsieur le comte, dit Blaise un peu embarrassé, les enfants ont eu peur de vous déranger, et…, et…

Le comte, avec colère et ironie.

Et c’est pour ne pas me déranger qu’ils ont voulu m’assommer ?

Blaise.

Non pas, Monsieur le comte ; ils ont seulement voulu défendre leur petit frère.