Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/207

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beau d’être venu lui-même et tout de suite reconnaître ses torts. C’est le bon Dieu qui récompense ta patience et ton humilité, mon Blaisot.

— Le bon Dieu est trop bon pour moi. C’est étonnant le plaisir que m’a fait la visite de M. le comte et tout ce qu’il m’a dit ; et la main qu’il me serrait à la briser, et son air tout autre ; lui qui a l’air si sévère, il avait l’air doux et attendri !… Mais c’est donc M. Jules qui lui aura dit quelque chose ? C’est bien de sa part ! »

Le pauvre Blaise dormit bien cette nuit ; son cœur était plein de reconnaissance pour le bon Dieu, pour le comte, pour Jules. Il ne se souvenait plus des sévérités du comte, des méchancetés et des calomnies de Jules ; il ne pensait qu’aux bonnes paroles qu’il avait reçues, et qu’il attribuait à un aveu complet de Jules. Il se réveilla donc le lendemain gai et heureux ; sa tristesse était remplacée par un sourire radieux ; son père et sa mère, heureux de cette transformation, l’embrassèrent avec tendresse ; le père lui demanda s’il irait au château.

« Oui, papa, dès que j’aurai déjeuné ; il me tarde de revoir M. le comte et de remercier M. Jules de sa franchise. »