Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/209

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ne veux pas le voir, j’ai honte ; il sait que j’ai menti, menti, menti. »

Et Jules retomba dans les bras de son père désolé ; il ne dit plus rien ; il tournait la tête de tous côtés.

« J’ai mal, dit-il ; j’ai mal… C’est Blaise !… c’est sa faute… c’est lui qui me déchire le cerveau… Aïe, aïe ! qu’est-ce qu’il veut ? il ne dit pas…, mais je vois bien… il veut que je devienne comme lui… que je dise tout à papa, à tout le monde… Non, c’est impossible… impossible… Blaise, laisse-moi !… je ne peux pas… tu vois bien que je ne peux pas… on saurait tout, tout… Quelle honte !… Je ne peux pas. »

Encore un silence, mais l’agitation ne cessait pas. Blaise restait à la porte, tremblant, effrayé, ne sachant pas s’il devait se montrer ou s’en aller. M. de Trénilly attendait avec impatience le médecin qu’il avait envoyé chercher.

La veille, quand il était rentré de chez Anfry, il n’avait rien dit à Jules, dont l’inquiétude augmentait d’heure en heure en voyant l’air sévère et préoccupé de son père.

« Blaise a-t-il parlé à papa ? se demandait-il. Qu’a-t-il dit ? »

Sa frayeur augmenta lorsque le soir, en lui disant adieu, son père, pour la première fois de sa vie, refusa de l’embrasser et lui dit : « Va te