Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/210

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coucher, Jules, va ; mais, avant de t’endormir, réfléchis à ta conduite et repens-toi. »

— Papa sait tout, se dit-il. Que va-t-il faire, lui qui est si sévère ? Je vais être très-malheureux ; il sera pour moi, comme il est pour Hélène et pour tout le monde, sévère à faire trembler. Ce méchant Blaise ! qu’avait-il besoin de se justifier ! Ne voilà-t-il pas un grand malheur que papa ne l’aime pas et le croie menteur et voleur ! Papa n’est pas son père ! il aurait peut-être chassé les Anfry, voilà tout… Mon Dieu, que va-t-il m’arriver demain ? J’ai peur ! Oh ! j’ai peur ! Je m’ennuie tant, déjà ! Ce sera bien pis ! »

Après avoir passé une partie de la nuit dans cette cruelle inquiétude, Jules, à peine rétabli de sa maladie, fut pris de la fièvre et du délire. Quand la bonne d’Hélène vint le lendemain ouvrir ses volets et lui apporter ce qui lui était nécessaire pour sa toilette, elle le trouva si malade qu’elle courut avertir le comte. Il envoya immédiatement chercher le meilleur médecin de la ville voisine, et s’établit près de son fils sans savoir quels soins, quels remèdes lui donner. Les paroles incohérentes de Jules lui découvrirent la cause de sa maladie ; quelque chose de grave troublait sa conscience ; il ne savait quel moyen employer pour la décharger du poids qui l’oppressait. Personne dans la maison n’avait d’empire sur Jules et ne