Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/214

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Paris pour le renouvellement de la première communion d’Hélène.

Jules s’éveilla ; il ouvrit de grands yeux, regarda son père et Blaise sans les reconnaître.

« Je veux Blaise, dit-il… Il faut que je lui parle… Ne laissez pas entrer papa… qu’il n’entende pas ce que je dirai… Appelez Blaise… quand je lui aurai parlé, ma tête brûlera moins… c’est si lourd dans ma tête… Tout ce que je veux dire pèse tantôt dans ma tête, tantôt dans mon cœur.

— Monsieur Jules, je suis près de vous, dit Blaise en s’approchant timidement.

— Qui es-tu ? Va-t’en… Je veux Blaise.

— C’est moi qui suis Blaise, monsieur Jules ; je viens vous soigner.

— Alors tu n’es pas Blaise… Blaise me déteste… Tu sais bien tout ce que j’ai dit de lui ?… Eh bien ! ce n’était pas vrai… Tout, tout était faux… Tu sais bien les poulets ?… c’est moi qui les avais noyés… Tu sais bien les habits mouillés ?… c’est lui qui m’a donné les siens ; c’est lui qui m’a tiré de l’eau ; c’est lui qui a toujours été bon et moi toujours méchant… Tu sais bien les fleurs ? c’est moi qui ai tout brisé ; c’est moi qui les ai fait demander par Blaise… Tu sais bien le cerf-volant ? c’est moi qui ai été méchant, si méchant !… Blaise a été si bon que cela m’a remué le cœur… mais pas assez… non… pas assez…