Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/215

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Pauvre Blaise !… Tu as entendu comme il m’a pardonné ?… Et papa aussi… Blaise lui a pardonné !… Papa a été méchant pour Blaise !… C’est ma faute… c’est moi qui mentais. Oh ! ma tête !… Blaise ! je veux Blaise ! »

Le pauvre comte était dans un état déplorable. Chaque parole était pour lui une affreuse révélation de sa propre faiblesse, de sa propre injustice et de la méchanceté de son fils. La tête cachée dans les mains, il sanglotait à faire pitié ; ses larmes se faisaient jour à travers ses doigts crispés, et venaient retomber sur la tête de Blaise à genoux près de lui.

« Mon Dieu, disait Blaise en lui-même, consolez ce pauvre M. le comte ; mon Dieu, vous êtes si bon ! pardonnez à ce pauvre M. Jules, donnez-lui le repentir de ses fautes, non pas le repentir qui le désole, mais le repentir qui console et qui rend meilleur. Rendez-lui la connaissance afin qu’il puisse décharger son cœur en avouant les fautes qui l’oppressent. Mon Dieu, ne le laissez pas mourir sans pardon ; votre pardon à vous, bon et miséricordieux Jésus, le pardon de son pauvre père qu’il a gravement trompé et offensé. Pour moi, mon bon Dieu, vous savez que je lui ai pardonné depuis bien longtemps, dès que l’offense était commise. Mais vous, mon Dieu, notre père à tous, pardonnez-lui, il se repent. »