Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette prière de ce pieux et noble cœur ne devait pas être repoussée. Dieu l’accueillit dans sa miséricorde, et Jules devait être sauvé ; sa guérison devait être complète, comme on le verra, mais elle se fit attendre ; le père devait expier par ses angoisses les torts de sa faiblesse. Dieu permit que la maladie de Jules fût longue et cruelle.

Quand le médecin arriva, il déclara, après un examen prolongé et intelligent, que Jules était atteint d’une fièvre cérébrale. Après avoir entendu quelques phrases qui décelaient une conscience troublée, il recommanda que le malade ne fût soigné que par les deux personnes qui préoccupaient constamment son imagination frappée, afin qu’au premier retour de raison il ne vît que ces deux personnes, et qu’il ne pût pas craindre d’avoir été entendu par d’autres. Il ordonna ensuite de fréquentes applications de sinapismes aux pieds, aux chevilles, aux mollets, aux cuisses ; il ordonna des boissons rafraîchissantes, de l’air dans la chambre, diète absolue, une demi-obscurité et pas de bruit.

La journée fut terrible ; Jules passait d’un accablement semblable à la mort, à une agitation et à un flot de paroles accusatrices ; il apprit ainsi à son malheureux père toute la noirceur de son âme ; le repentir que Jules témoignait de plus en