Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/259

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sera ! — cher enfant ! Bon Blaise, c’est à toi que je dois cette douce joie ! »

Les domestiques demandèrent la permission de serrer la main de leur jeune maître. Jules courut à eux et leur prit les mains à tous avec effusion. Il était heureux, il se sentait le cœur léger.

Sa mère n’avait encore rien dit. Aux premières paroles de Jules, elle s’était sentie courroucée contre ce qu’elle trouvait être une humiliation ridicule. À mesure qu’il parlait, la noblesse de l’action de son fils, l’accent sincère de ses paroles la touchèrent, mais sans la disposer à approuver cet aveu public de ses fautes. Elle en voulait au pauvre Blaise, cause bien innocente de cette confession, et lorsqu’elle le vit dans les bras de Jules et puis du comte, le mécontentement reprit le dessus et elle resta froide et immobile, retenant Hélène, qui avait voulu se précipiter dans les bras de son frère et qui pleurait à chaudes larmes.

Les domestiques sortirent en jetant à Jules des regards d’affectueuse admiration ; ils ne parlèrent pas d’autre chose toute la soirée ; plusieurs d’entre eux furent assez profondément touchés pour changer complètement de vie et pour devenir d’honnêtes et fidèles serviteurs.

Quand le comte et Jules restèrent en famille avec Blaise, que Jules avait retenu, Hélène s’é-