Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/260

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lança vers son frère, qu’elle embrassa avec effusion, puis se tournant vers le comte :

« Papa, me permettez-vous d’embrasser ce bon Blaise, qui a été la cause première de tout ce bien ?

— Certainement, ma fille, ma chère Hélène ; embrasse-le ; il doit être pour toi un second frère. »

Blaise se laissa timidement embrasser par Hélène, dont il baisa la main avec tendresse.

La comtesse s’était levée avec colère, et, s’approchant d’Hélène, elle la retira violemment en disant :

« Vous oubliez, Hélène, que c’est un fils de portier que vous vous permettez d’embrasser sous mes yeux. Je n’entends pas que cette scène ridicule se prolonge plus longtemps ; venez, Hélène, suivez-moi et laissez votre père et votre frère faire leur ami et leur confident de ce garçon sans éducation. »

Le comte regardait sa femme avec douleur et pitié.

« Julie, lui dit-il, malheur à l’ingrat et à l’orgueilleux !

— Malheur aux intrigants et aux sots ! » répondit-elle en quittant la chambre et entraînant Hélène.

Le comte retomba sur un fauteuil, le visage caché dans ses mains. La dureté orgueilleuse de sa femme le navrait. Il lui avait toujours reproché