Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/263

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parlez pas de reconnaissance ; après ce que M. Jules a fait aujourd’hui, la reconnaissance est toute de mon côté…

Jules.

Non, non ; moi je n’ai fait que réparer ; toi, tu as pardonné et tu t’es dévoué avant la réparation.

Le comte.

Jules a raison, Blaise, nous admettons que nous soyons quittes envers toi ; ce qui n’est pas et ne pourra jamais être, nous souffrirons toujours dans notre affection pour toi, d’abord en nous trouvant souvent privés de ta présence, ensuite en te sachant méconnu par celle qui devrait t’apprécier mieux que tout autre.

Blaise.

Cher monsieur le comte, le bon Dieu fait bien tout ce qu’il fait ; ce qui arrive est peut-être pour notre bien à tous. Et d’abord n’est-ce pas un bonheur de souffrir en ce monde pour recevoir une plus grande récompense dans l’autre vie ? Ne pouvons-nous pas continuer à nous aimer sans nous voir autant, et en nous donnant le mérite d’accepter avec résignation et douceur cette peine que le bon Dieu nous envoie ? Cher monsieur le comte, je vous aime, vous le savez, avec toute la tendresse de mon cœur ; mais je me résignerais à ne plus jamais vous voir si c’était la volonté du