Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/271

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comtesse resta quelques minutes incertaine de ce qu’elle ferait ; après quelque hésitation, elle referma doucement la porte et se retira toute pensive dans sa chambre.

« Ils sont fous, se dit-elle ; cette maladie de Jules a positivement altéré leur raison… Je ferai venir mon médecin un de ces jours et je les ferai soigner… Hélène aussi tourne à la bizarrerie. Ne me parlait-elle pas l’autre jour du bonheur de la vie religieuse ? Ils vont achever de lui faire perdre l’esprit… Si je pouvais les empêcher de la voir, mais c’est impossible !… Un père et un frère !… Il y aurait bien un moyen !… Ce serait de l’emmener faire un voyage en Suisse… Oui… Mais il faut attendre la première communion de Jules ; je ne puis m’en aller avant. » Et la comtesse se coucha avec la résolution de prendre patience, de laisser faire jusqu’après la première communion, et ensuite d’enlever Hélène à cette influence qu’elle croyait fâcheuse.

Le comte emmena le lendemain ses enfants pour voir Blaise. Ils entrèrent chez Anfry.

« C’est singulier que Blaise ne nous ait pas vus arriver, dit le comte. Il aurait dû penser que nous viendrions chez lui, puisqu’il ne peut pas venir chez nous. »

Mais Blaise n’y était pas. Le comte appela Anfry, qui travaillait au jardin.