Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne sais quel parti prendre pour t’épargner, à toi et à Jules, ce nouveau chagrin. Je ne puis forcer la volonté de ma femme ; je ne puis conseiller à mes enfants de désobéir à leur mère. Et pourtant c’est cruel de devoir les sacrifier, ainsi que toi, à cette volonté impérieuse et déraisonnable.

— Cher monsieur le comte, soumettons-nous à ce qui nous vient par la permission du bon Dieu ; c’est bien, bien pénible, il est vrai ; je sais que c’est triste pour vous et pour M. Jules presque autant que pour moi-même, car vous m’aimez, je le sens dans mon cœur. Mais, mon cher monsieur le comte, savons-nous le temps que durera cette séparation ? Peut-être le bon Dieu touchera-t-il le cœur de Mme la comtesse. Aidez-moi, aidez M. Jules et Mlle Hélène à lui obéir, notre soumission l’adoucira et changera ses idées à mon égard. Pensez donc qu’elle me croit faux, hypocrite, intrigant ; elle craint peut-être que je ne corrompe M. Jules et Mlle Hélène ; une mère, vous savez, monsieur le comte, c’est toujours si craintif, si inquiet ! elle est plus à plaindre qu’à blâmer, je vous assure. Ainsi, monsieur le comte, promettez-moi que vous m’aiderez à tenir ma promesse, et que vous n’amènerez plus M. Jules et Mlle Hélène sans le consentement de Mme la comtesse… Voyons, très-cher monsieur le comte, du courage ! Je vois bien qu’il vous en coûte,