Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/291

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Blaise.

Sans doute, papa, et c’est un vrai bonheur que le chagrin ; cela vous ramène toujours au bon Dieu : on prie mieux en apprenant à souffrir ; le bon Dieu est là qui vous aide et qui vous console si bien !

Anfry.

Et pourtant tu as pleuré !… et tu pleures encore… Tiens, tiens, les larmes roulent sur tes pauvres joues amaigries.

Blaise.

Ce n’est rien, papa ; c’est un reste qui va s’en aller quand j’aurai fait une petite visite au bon Dieu dans son église. »

Blaise raconta à son père la cause de son nouveau chagrin, en atténuant avec sa bonté accoutumée les paroles dures et injurieuses de la comtesse. Anfry contenait avec peine sa colère ; il connaissait assez la comtesse pour deviner ce que la charité de Blaise lui cachait. Quand le récit fut fini, il serra Blaise dans ses bras à plusieurs reprises, mais sans dire une parole, et le laissa aller chercher près du bon Dieu sa consolation accoutumée contre les chagrins qu’il supportait avec une fermeté au-dessus de son âge.