Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/295

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La comtesse resta longtemps pensive et indécise ; elle se résolut enfin à laisser aller les choses, à observer Blaise et ses enfants, et à agir en conséquence.

« Si ce garçon ment à la promesse qu’il m’a faite, s’il cherche à voir mes enfants à mon insu, je n’aurai aucune pitié pour lui, je le chasserai avec ses parents… Mais s’il est fidèle à sa parole, s’il accepte avec loyauté et résignation le chagrin que je lui impose, dit-elle, alors… alors, je verrai ce que j’aurai à faire. »

Et la comtesse, secouant la tête, chercha à ne plus penser à Blaise. Elle prit un livre et se mit à lire, sans pouvoir, toutefois, chasser de son esprit l’image de Blaise indigné, mais calme, puis sanglotant et désolé.

Au retour de la promenade, les enfants avaient couru chez le comte, dont ils recherchaient la compagnie autant qu’ils l’évitaient jadis. Ils le trouvèrent triste et pensif ; tous deux se jetèrent à son cou, en lui demandant la cause de sa tristesse.

« C’est encore un sacrifice à faire, mes pauvres enfants, dit le comte en les embrassant avec tendresse : votre maman a défendu à Blaise de vous voir, soit chez lui, soit ailleurs ; le pauvre garçon a promis d’obéir ; il m’a demandé de lui venir en aide pour tenir sa promesse ; je le lui ai promis,