Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/296

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quelque pénible et douloureuse que me soit cette contrainte. Je ne crois pas pouvoir mieux l’aider qu’en vous communiquant cette résolution si pénible. Je suis certain que ni toi, ma bonne Hélène, ni toi, mon pauvre Jules, vous ne chercherez à le faire manquer à sa parole, et que vous n’augmenterez pas son chagrin en l’obligeant à repousser les occasions de rapprochement que vous lui offririez.

— Pauvre Blaise ! pauvre Blaise ! s’écrièrent Hélène et Jules, les yeux pleins de larmes. Vous avez raison, papa, ajouta Jules ; nous ne devons pas rendre son sacrifice plus douloureux en le forçant à nous fuir. Nous éviterons de passer devant sa maison, et nous ne lui ferons même rien dire par vous, pour ne pas lui donner la tentation de répondre ou le chagrin de ne pas répondre. Mais vous lui direz, papa, combien cet effort m’est pénible, avec quelle tristesse, quel regret je penserai à lui, à nos bonnes conversations d’autrefois. Pauvre Blaise ! il souffre de cette séparation injuste et cruelle. Je ne comprends pas comment maman peut être si injuste pour cet excellent garçon. Elle devrait l’attirer, au lieu de le repousser ; l’aimer, au lieu…

Le comte.

Jules, Jules, respecte ta mère, mon enfant ; conforme-toi à ses ordres sans les juger, sans les