Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/298

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qu’eux dans la salle à manger. Elle regarda attentivement les enfants, baissa les yeux en considérant leurs yeux rouges et leurs visages attristés ; levant les yeux sur son mari, elle se sentit rougir devant sa physionomie sévère et pensive.

« Allons dîner, dit-elle en se levant ; j’ai hâte d’avoir fini.

— Serait-il plus tard que je ne pensais ? dit le comte. Il me semble que nous sommes exacts à l’heure comme d’habitude.

— Ce n’est pas pour rassasier ma faim que je désire voir le dîner fini ; mais pour pouvoir me retirer chez moi.

— Seriez-vous souffrante, Julie ? dit le comte avec empressement.

La comtesse.

Non, pas souffrante, mais ennuyée, excédée de ce petit Blaise, qui vous a tous ensorcelés, et qui est cause de vos mines allongées et attristées.

Le comte.

En quoi Blaise est-il cause de nos sottes mines ?

— En quoi ? vous demandez en quoi ? s’écria la comtesse avec chaleur. N’est-ce pas depuis que je lui ai défendu de venir au château que vous êtes tous trois comme des âmes en peine ?…

— Ou des ânes en plaine, comme le disait une dame de votre connaissance, interrompit le comte en riant.