Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/317

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Madame Anfry.

Il y a de quoi, monsieur le comte. Quand vous avez été parti, il nous a avoué qu’il souffrait horriblement, et il a demandé le médecin pour lui remettre le pied.

Le comte, avec inquiétude.

Un médecin ! Lui remettre le pied ! Mais il avait refusé le médecin, et il m’avait dit qu’il souffrait moins.

Madame Anfry.

C’est pour ne pas vous tourmenter, monsieur le comte, qu’il vous a caché sa souffrance. Son pied était bien réellement démis. M. Taillefort le lui a remis. Notre pauvre garçon n’a pas même sourcillé pendant l’opération ; seulement il a perdu connaissance après. C’est pourquoi il est si pâle.

Le comte, d’une voix émue.

Pauvre Blaise ! Quel oubli de lui-même, et quel courage ! il le puise dans sa grande confiance et dans sa parfaite soumission à toutes les volontés du bon Dieu… Quel bel exemple nous donne cet enfant ! »

Le comte resta quelques minutes silencieux près du lit de Blaise. Avant de le quitter, il effleura de ses lèvres son front pâle, bénit l’enfant dans son sommeil, et recommanda à Anfry de lui faire savoir au réveil de Blaise comment il se trouvait.