Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/331

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« Monsieur le comte, cher monsieur le comte, secourez-moi, sauvez-moi !

Le comte.

Rassure-toi, mon enfant, c’est ma femme qui, après la lecture de ta lettre, t’envoie elle-même ses enfants.

Blaise.

Est-il possible !… Quel bonheur !… Mon Dieu, quel bonheur !… Mon Dieu, je vous remercie ! »

Hélène avait rejoint Jules, qui ne se lassait pas d’embrasser Blaise ; tous deux lui racontèrent, lui expliquèrent le changement survenu dans le sentiment de la comtesse. Blaise était aussi heureux que le comte et ses enfants. Le bonheur l’empêchait de sentir la douleur de son pied et l’agitation de la fièvre. Le comte dut user d’autorité pour emmener Hélène et Jules ; il craignit que la fièvre n’augmentât par l’émotion que lui donnait la présence de ses amis ; il promit à Blaise de les ramener dans l’après-midi, et lui recommanda en le quittant, de rester bien tranquille. En effet, Blaise, radieux, n’oublia pas de remercier longuement le bon Dieu du bonheur qu’il lui envoyait, et, tout en priant, il s’endormit. Son sommeil dura deux heures ; à son réveil, la fièvre avait disparu ; le cataplasme Valdajou avait enlevé presque entièrement la douleur de son pied : il se livra donc sans réserve à la joie qui inondait son cœur.