Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/91

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Blaise.

Est-ce que j’ai besoin de votre âne, moi ? J’ai deux jambes qui valent mieux que les quatre de votre âne.

— Imbécile ! insolent ! » lui cria Jules en s’en allant.

Blaise reprit son ouvrage en riant de la colère de Jules, et Jules reprit sa promenade en pestant contre Blaise. Il cherchait, sans le trouver, le moyen de le faire gronder, il ne voulait pas avouer qu’il avait désobéi en allant seul dans les champs, et il ne pouvait pas dire que Blaise l’eût accompagné en partant, puisque les domestiques l’avaient vu sortir seul.

« Voyons, se dit-il, cette mare où il y a des sangsues ; je voudrais bien en voir quelques-unes. »

Il approcha tout près de l’eau, mais il eut beau y regarder, il n’en vit pas une seule. La pente qui y descendait était douce ; il fit entrer son âne dans l’eau, pensant que les sangsues auraient peur du clapotement produit par les jambes de l’âne et qu’elles se montreraient ; mais il ne vit rien encore. Il fit avancer un peu plus son âne, jusqu’à ce qu’il eût de l’eau à mi-jambes ; il commença alors à voir des bêtes noires, plates, longues comme le doigt, qui nageaient autour de l’âne, et qui se posaient sur ses jambes. Jules s’amusait à