Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/43

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masses, en entonnant des hymnes patriotiques, vers l’une de ces ruines d’où les regards dominent le fleuve. Là, au-dessus du vieux Rhin, dont les capiteux vignobles s’étendent à droite et à gauche, à l’ombre des donjons où les orfraies remplacent les burgraves, on se livrait à des manifestations innocentes contre la tyrannie des despotes. L’épuisement du panier aux provisions donnait ordinairement le signal des harangues ; mais, bien souvent, la langue embarrassée des orateurs cherchait vainement des expressions pathétiques. On s’en tirait comme on pouvait, témoin le jour où, le couvert ayant été mis sur le Drachenfels, à l’abri d’une vieille tour qui jadis avait pu servir de repaire à quelque sacripant titré, un convive qui se sentait la langue lourde proposa de remplacer le discours par un feu de joie dont le donjon devait fournir le combustible. La proposition fut accueillie par des applaudissements frénétiques,