Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/80

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végétation pullulante semblent seuls capables d’égaler la violence et la fécondité de ses rêves. Si, de ce monde éclatant qui s’est agité dans son esprit, on descend vers les actions et les sentiments de sa vie, on n’y trouve pas des oppositions moindres. Il est juif, et il a été élevé par une mère libre-penseuse ; il naît en pays protestant, et va au collège chez les jésuites. Il est fier, actif, altéré d’indépendance, et son origine israélite l’expose aux mépris, pendant que sa pauvreté le maintient en cage et le réduit à une maigre pitance. Il est Allemand de cœur, et vit appauvri loin de son pays. Il adore la liberté, et l’entraînement de la controverse l’érige en panégyriste de Napoléon. Il est secoué par l’orageuse véhémence des désirs les plus effrénés et des images les plus intenses, et il passe dix ans dans son lit, paralytique, obligé, pour ouvrir l’œil, de relever la paupière avec son doigt. Sa vie n’est qu’un excès, comme celle de