Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mort, et celui-ci ne tarde point à y retrouver des traits connus. Magie des rêves ! La patrie lointaine est là devant lui, non plus courroucée, sévère, mais douce au poète, souriante à l’homme qui, jeune, a subi ses enchantements et reçu ses promesses. Il l’avait aimée une première fois sous la robe blanche d’une enfant. Après Véronique, dans les solitudes du Harz, il l’aima sous les traits roses de la fille d’un mineur. Il l’aima encore châtelaine sur les bords du Rhin, une Loreley légendaire assistant fièrement du haut de son rocher à la perte des victimes qu’y attire son chant magique. Une dernière fois, aujourd’hui, elle se montrait à lui sous un visage de fleur. Triste fleur, sans doute, fleur de douleur, mais fleur encore, malgré son deuil et ses emblèmes funèbres. Heine lui devait un sourire, et il ne sut point le lui refuser.