Page:Selden Camille - Portraits de femmes.djvu/249

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portrait que ferait l’une, au charmant tableau que fournirait l’autre. » Le naturel reprenait le dessus, la chrétienne s’effaçait devant l’artiste. Celle-ci n’eut jamais à souffrir des incommodités de l’âge. Nulle infirmité ne venait assombrir sa vieillesse honorée et heureuse. Elle ne délaissa jamais le monde et continua jusqu’à la fin à s’intéresser aux choses de l’art. Elle aimait aussi le théâtre, mais y allait rarement, à cause du mauvais air. Elle ne pouvait supporter l’odeur des foules : « Cela sent l’humanité, » disait-elle. En revanche, elle assistait avec plaisir aux élégantes représentations d’amateurs organisées par le comte Jules de Castellane. Elle avait près de quatre-vingts ans, et profitait du calme qui se fait autour de la vieillesse pour rédiger des souvenirs remplis de faits intéressants et de portraits historiques. L’intérêt des événements auxquels elle assista, l’attrait de son style à la fois piquant et simple, font de son livre l’une des meilleures causeries de notre temps. En somme, madame Vigée Le Brun se montre de la bonne école dans ses écrits comme dans sa peinture ; sa vie n’a point démenti son éducation, son langage est demeuré jusqu’à la fin l’expression fidèle de son naturel. Je n’en con-