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LE NOTAIRE JOFRIAU

son amie, le mariage de cette dernière n’avait altéré en rien leur commerce intime.

Le manoir Lajemmerais, où habitait Marguerite, s’élevait tout près de l’église bâtie sur le cap de Varennes. L’anse qui relie cette pointe au cap Saint-Michel, demeure des Jofriau, couvre environ deux milles et demi. Malgré cette distance, les deux amies se visitaient cependant fréquemment. Lorsqu’un bienheureux espoir de maternité avait mis le comble à la félicité conjugale des Jofriau, il avait été décidé que Marguerite serait la marraine de l’ange attendu. Quand donc l’eau régénératrice eut coulé sur le front de l’enfant et que furent prononcés les mots sublimes, ouvrant au nouveau-né l’huis de la rédemption, Marguerite Dufrost apposa sa signature sur l’acte de baptême de Michel-François-René Jofriau.

Le petit garçon grandit. Le pasteur de Varennes, homme éminemment instruit et distingué, appartenait à la remarquable phalange des fils de Monsieur Olier. Il fut frappé de l’intelligence de l’enfant et de sa piété, quand il le prépara à sa première communion. Suivant l’exemple d’autres Messieurs de Saint-Sulpice « qui se firent instituteurs des adolescents » il résolut de s’occuper de Michel. « C’est à leur honneur », écrit le Père LeJeune au sujet des Sulpiciens, « d’avoir façonné, au moral surtout, l’élite de la jeunesse qui se distingua, dans la suite, parmi les canadiens de renom. »