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LE NOTAIRE JOFRIAU

dans la transparence de l’eau ses traits fixés au fond du miroir sombre.

Souvent après sa journée passée à l’étude, accoudé à sa fenêtre, il revivait son enfance, ses années d’étude, puis les jours anxieux qui lui apportèrent la conviction de décevoir son cher précepteur. Car, celui-ci, en effet, en se chargeant d’instruire Michel, s’était plu à voir en lui un futur disciple de la solitude.

Absorbé par ces souvenirs et l’esprit tourné vers un passé tout proche auquel des heures d’émotion se rattachaient, Michel ne pressentit pas l’amour qui venait à lui.

Un matin, entré plus tôt qu’à l’ordinaire dans le cabinet de son oncle, le jeune homme trouva celui-ci tout pensif. En saluant l’arrivant, le notaire dit :

— As-tu donc deviné que je désirais, aujourd’hui plus qu’un autre jour, causer avec toi ? J’ai à te parler de choses graves. Tu m’aimes bien, n’est-ce pas ?

— Oh ! mon oncle, presque autant que si vous étiez mon vrai père !

— Cher enfant ! je te chéris moi-même comme si tu étais mon vrai fils.

Et d’un geste attendri, il posa une main tremblante sur la tête de son neveu.

— J’attends avec une grande impatience, continua-t-il, les lettres du roi t’accordant le titre de notai-