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LE NOTAIRE JOFRIAU
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le réveil de la nature fait couler la sève de nos érables, et embaume l’air du renouveau des bois ? Que sait-il de la féerie de nos étés, quand les champs de blé, ainsi qu’une mer fauve, ondulent dans la brise sous un soleil rutilant ? A-t-il entendu le friselis du feuillage dans la buée mauve du crépuscule ?… A-t-il vu notre automne dont la gamme infinie de couleurs embellit la nature qui se recueille avant le repos hivernal et fait d’avance pardonner novembre, au ciel gris et changeant ?

Il avait chanté sa Nouvelle-France avec tant d’ardeur, que Suzanne en demeurait impressionnée.

— Quel serait en effet votre martyre de ne pas retourner chez vous, dit-elle émue.

— Nous voilà tournés au lyrisme, Suzanne. Ne pensons plus à cela. D’ailleurs, je ne partirai pas avant cinq ou six mois.

— Ce sera si vite arrivé, cependant, soupira-t-elle.

À partir de ce jour, il cessa d’éviter Suzanne ; et la jeune fille se berça de l’illusion que le sentiment dont son cœur était rempli éveillait un écho dans celui du jeune clerc.

De son côté, le jeune homme se sentait attiré vers l’amour. Et de savoir qu’un cœur battait ainsi pour lui, la douceur de vivre le pénétrait.


Il se revoyait là-bas, au delà de l’Océan, dans la maison paisible construite à la manière normande… Basse, avec des murs de pierre surmontés d’un toit de chaume…

La séduisante proposition du notaire Duval-Chesnay lui revenait souvent à l’esprit. Il avait sans hési-