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LE NOTAIRE JOFRIAU

Un jour que son père la cherchait pour une promenade, il la trouva dans sa chambre, le visage inondé de larmes. François voulut plaisanter :

— Ah ! ça, ma petite fille, tu pleures comme la rosée du matin. Le jardin est tout trempé et des larmes irisées glissent sur le velouté des pétales de roses. Te voyant ainsi, je ne puis m’empêcher de te comparer à elles.

Mais il avait compris la douleur qui broyait le cœur de sa fille ; ému, il s’approcha avec tendresse de son enfant et tenta de provoquer ses confidences afin de pouvoir la consoler. Suzanne, irritée d’avoir été ainsi surprise, se redressa et voulut quitter la pièce. Au passage, ses yeux rencontrèrent le regard et les bras tendus de son père. Vaincue, elle s’y jeta et, blottie sur sa poitrine, elle laissa échapper le douloureux aveu de son amour incompris. Longtemps, le notaire garda sur ses genoux sa fille désolée, la berçant de paroles de tendresse. Quelque temps après, à déjeuner, Suzanne dit brusquement :

— Père, j’ai une faveur à vous demander, vous me l’accorderez ?

— Dis, ma chère fille, t’ai-je jamais refusé quoi que ce soit ?

— J’éprouve le besoin de me reposer et de me recueillir. Il me semble qu’un séjour auprès des Mères Ursulines qui m’ont élevée me ferait du bien. Voulez-vous m’y faire conduire ?