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LE NOTAIRE JOFRIAU

Visiblement heureux du moment de liberté que lui laissait cet incident, le jeune notaire se rapprocha de Mademoiselle Millault, et lui dit d’une voix tendre :

— Vous paraissez lasse, chère amie ? Cette infatigable Suzanne vous a épuisée par une marche trop longue, sans doute ? Venez là, tout près, vous reposer sur ce banc ; nous y causerons cœur à cœur comme en ces instants bénis où nous nous sommes avoué notre amour.

Frémissante, Marie-Josephte l’empêcha de continuer :

— Merci de votre sollicitude, Monsieur. Non vraiment, je ne suis pas fatiguée et je rejoins à l’instant votre mère et votre cousine au salon.

La pauvre enfant se forçait à garder une attitude de froideur, quoiqu’en son âme elle ne put encore arriver à croire à un jeu aussi cruel de la part de celui qu’elle aimait. De son côté, Michel sentit que quelque chose avait passé entre eux.

— Votre changement me stupéfie et je n’y comprends rien. Des souvenirs si doux et un bienheureux espoir me berçaient depuis le soir, où, chez mes parents, tandis que tournaient les danseurs nous allions contempler la nuit. L’avez-vous oublié cette heure divine où le cœur en émoi nous cheminions par le sentier dans la douceur du soir, et prononcions les paroles qui ont lié nos vies et notre destin ?

— Assez, je vous en prie, Monsieur Jofriau, inter-