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LE NOTAIRE JOFRIAU

— Bah ? Il y aura toujours moyen de nier. J’affirmerai à Michel que Mademoiselle Millault a donné à mes paroles un sens que je ne leur accordais pas. Pourvu que Michel n’apprenne rien aujourd’hui ! Je tâcherai de le circonvenir et Mademoiselle Millault, timide et blessée, n’osera plus parler.

Ainsi pensait Suzanne en tenant Michel et Marie-Josephte sous la surveillance aiguë de son regard. Mais elle avait compté sans ces circonstances. Comme le trio approchait de la maison, Madame Jofriau vint sur le seuil appeler sa nièce.

— Suzanne chérie, nous venons de découvrir que votre grand-père de Kermaheuc et celui de Madame Rolleville sont cousins ; venez donc lui parler de votre famille et de la Bretagne qu’elle connaît aussi et qu’elle aime.

La jeune fille cacha sa vive contrariété sous un sourire de bonne grâce ; elle ne pouvait échapper vraiment. Mais une idée lui vint ;

— Je viens, chère tante Anne, ou plutôt nous venons, car Michel pourra, comme moi, entretenir Madame Rolleville de nos chers Bretons chez qui il fut reçu avec mon père, l’an dernier.

Madame Jofriau avait enlacé la taille gracile de sa nièce et l’entraînait vers l’intérieur, tandis que Michel, par une réponse évasive déclinait l’invitation de Suzanne. Celle-ci perdit alors toute contenance et répondit nerveusement aux questions de leur hôtesse.