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CHAPITRE I.




TOUTES voiles dehors, « Le Triomphant », depuis l’aube, filait entre les rives sauvages du Saint-Laurent. Le dernier reflet du jour disparaissait au bas de l’horizon ; la nuit inondait l’espace, confondant dans le noir les flots et la côte.

Appuyé sur la rambarde du gaillard d’avant, un jeune homme songeait. Sa figure régulière encadrée d’abondants cheveux bruns, ses yeux noirs profonds, son teint ambré lui composaient une beauté qui attirait irrésistiblement les regards et faisait palpiter le cœur de mainte jolie passagère.

Michel Jofriau voguait vers une vie nouvelle. Pensif, il interrogeait l’horizon et se demandait de quoi serait fait l’inconnu qui l’attendait sur ces côtes normandes sur lesquelles le navire avait mis le cap.