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LE NOTAIRE JOFRIAU
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Car le jeune voyageur, ainsi emporté vers la mère-patrie, allait à Rouen, dans sa famille maternelle, étudier la loi et se pourvoir des lettres patentes qui lui conféreraient le titre et les privilèges de notaire royal.


Il pensait à son père si bon, à sa mère si tendre, à leurs baisers d’adieu, à ses frères et ses sœurs accourus sur la côte et agitant leurs bras… quand le voilier avait passé tout près, si près du cap Saint-Michel.

Le cœur lourd de souvenirs, il songeait aux nuits de Varennes alors qu’il s’endormait sous les combles de la maison paternelle, bercé par le chant monotone des grillons pendant les nuits ardentes de l’été, et l’hiver, par le mugissement du vent à travers la plaine. Il pensait à son père si bon, à sa mère si tendre, à leurs baisers d’adieu, à ses frères et ses sœurs accourus sur la côte et agitant leurs bras, en de grands gestes d’affection, quand le voilier avait passé tout près, si près du cap Saint-Michel.

Une tristesse l’envahit, mais, viril, il chassa cet accès de mélancolie. Sans étouffer pourtant la voix du sentiment, il se ressaisit, plein d’espoir en l’avenir.

Après une traversée de deux mois, « Le Triomphant » arrivait en rade de Honfleur. Déjà l’on distinguait sur le quai, les parents et les connaissances venus pour accueillir les voyageurs d’Amérique. Un beau vieillard à noble figure dominait la foule de sa haute taille. Michel reconnut son grand’père, le docteur Duval-Chesnay, dont sa mère lui avait fait souvent une si tendre description. Le cœur du petit-fils battit d’émoi de trouver là son aïeul pour le recevoir au débarqué.

À Rouen, l’impatience était grande ; on avait hâte