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LE NOTAIRE JOFRIAU

et des malheureux. Il sentit qu’il pouvait en attendre réconfort, conseil et lumière.

Madame d’Youville habitait alors, avec quatre compagnes, la maison de madame Le Verrier, sise rue Notre-Dame, près de l’église des Récollets. Sans tarder, il s’y rendit et raconta son malheur à celle qui savait s’apitoyer sur toutes les détresses et relever les courages abattus. Elle l’écouta, silencieuse, tandis qu’il disait les circonstances du vol, ses craintes, et son désespoir. Puis, à son tour, elle parla :

— Cher enfant, ne vous hâtez pas de douter de la Providence et sachez attendre un peu. Il est certain qu’après son forfait, l’individu se cache avec précaution ; et ce n’est pas au bout de trois ou quatre jours seulement qu’il sortira de sa retraite. Avec de la persévérance vous viendrez sûrement à le découvrir. De plus, votre passé honorable et celui de votre famille, votre dévouement et votre loyauté envers vos clients empêcheront de naître les soupçons que vous redoutez. Retournez donc à Varennes, expliquez-vous, donnez tous les détails ; la sincérité et la vérité ont des accents qui ne trompent pas. Continuez d’être utile aux autres en attendant le jour où vous pourrez faire éclater votre innocence.

Ces paroles pleines de confiance et d’encouragement remirent un peu de calme dans l’âme du filleul de Marguerite Dufrost et le soulagèrent. Il raisonna