Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/53

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pour objet momentané ou la conservation de l’espèce, ou un des moyens dont la réunion protége les individus.

Si l’animal semble d’abord n’avoir à se procurer que des alimens, ou un asile pour le sommeil, ou des facilités pour la génération, c’est que les efforts exigés par ces besoins en satisfont un autre aussi constant, et non moins impérieux, celui du mouvement. Placé dans un étroit pâturage, et auprès d’une jument, un cheval quittera pour agir cette enceinte où on pensait réunir tout ce qu’il désirait. On pourrait même ajouter que quand des animaux restent dans l’inaction, très-souvent ils n’obéissent pas à un besoin positif : exempts alors de tout désir particulier, ils cessent de se mouvoir, comme ils cessent de manger quand ils ont pris assez de nourriture.

Tous les mouvemens de l’animal tendent directement ou indirectement à sa conservation. Jeune encore, il semble en jouant se remuer sans but ; mais par cette activité surabondante, il se prépare à des mouvemens qui seront nécessaires. Lorsque, plus âgé, il se lève avec une sorte d’inquiétude ; lorsque, sans autre intention que d’éviter une sorte d’engourdissement, il se met à errer autour de sa retraite, il agit pour ne pas perdre la faculté d’agir.