Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/153

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losophes mêmes parmi les Grecs occupés très-long-tems de recherches abstraites, d’hypothèses physiques et surlunaires, avant d’en venir à la terre et à l’homme. C’est à peu près ainsi qu’ils écrivirent en vers[1] dans les premiers tems, et semblèrent ne descendre à la prose que difficilement et à regret.

L’homme n’est point bon, il n’est point méchant. L’on se trompe également dans ces deux assertions, parce que l’on confond l’homme actuel avec l’homme en général ; parce que l’on attribue à un principe absolu et primitif des modifications accidentelles ; parce que l’on transporte à l’homme seulement homme, des altérations passagères comme les lois de convention qui, après les avoir long-tems supposé, les produisent enfin ; et parce que l’on juge dans le rapport social ou dans les vues particulières de telle ou telle législation, ce qui ne doit être considéré que dans le rapport de l’homme au reste de la nature.

  1. Quelques auteurs, à qui il faut du moins savoir gré de n’avoir pas les préjugés de l’habitude, en ont conclu sérieusement que le langage mesuré étoit apparement plus naturel à l’homme, comme si jamais aucun peuple avoit habituellement parlé en vers.