de la veuve indienne qui, pour prouver qu’elle vivoit préférée à ses compagnes, sollicite sa propre mort ; et perd tout ce qui est, pour obtenir une estime vaine là où elle ne sera plus.
Selon le stoïcien, l’homme sans passions est le chef-d’œuvre de la nature : rien n’est plus contradictoire. Supprimez les passions, il n’y a plus d’hommes, plus de morale ; les passions peuvent seules la former ; l’équilibre des passions modérées peut seul la maintenir. Les éteindre est le précepte du fanatique ; les suivre est la loi de l’homme isolé ; les réprimer sans les anéantir, les soumettre à une raison plus sentie que disputante, plus douce que sévère, voilà sans doute le devoir de l’homme en société.
L’homme social n’est point un être nouveau créé par un système humain ; c’est l’homme de la nature en société. C’est pour suivre ses passions, c’est pour obtenir ses besoins qu’il réprime quelquefois les unes et limite les autres. C’est pour n’être pas toujours assujetti, qu’il s’impose à lui-même une loi ; c’est pour conserver le plus possible de ses droits effectifs qu’il a consenti, non pas à en aliéner une partie, mais à négliger de les exercer. S’il perd plus qu’il ne gagne, s’il sacrifie plus qu’il n’ac-