quiert, l’ordre social n’est pas bon pour lui ; si le plus grand nombre perd ainsi, l’ordre social est mauvais : bien plus, il est dissout, car il ne se maintient plus par la volonté générale, mais par une force étrangère à lui-même.
La science des sociétés se réduit à suivre les passions primitives, en balançant leurs efforts, en réprimant leurs mouvemens orageux, et surtout en étouffant sans ménagement et sans retour, en prévenant avec sagesse tout besoin que la nature n’a pas donné, tout désir qu’elle n’inspire point, toute prétention à des droits qu’elle n’a pas autorisé. Ce qui est essentiel à l’homme est seul légitime ; ce qui convient ainsi expressément à sa nature ne peut varier avec les tems et les lieux, ne peut dépendre de l’opinion des législateurs, ni changer selon l’inconstance des peuples.
L’art de jouir est le seul art de l’être qui sent et modifie son existence. Tout commande le plaisir, c’est vers lui que nous tendons sans cesse : nous ne pourrions même soutenir cet effort factice qui le repousse, si nous ne donnions le change à nos désirs ; nous leur en promettons un imaginaire, dont l’excès et la plénitude balancent les avantages que les