Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/221

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roit-elle pas commune aux composés organiques, animés et végétans, et même à tout corps organisé, c’est-à-dire peut être à tout composé ?

Pour expliquer deux effets, la sensibilité et la pensée, il n’étoit pas nécessaire d’imaginer deux principes distincts, deux ames unies au corps humain. Une seule rend raison de ce double produit, dans les divers rapports de son union avec la matière moins subtiLe, que nous nommons le corps. Ne perdons pas de vue que la sensation et la pensée ne sont que des effets, et que, même s’ils différaient absolument, ils pourraient néanmoins être produits par diverses combinaisons des mêmes principes.

Supposons que tout composé organisé et même tout être, car sans doute l’arôme élémentaire n’existe nulle part seul, soit formé de proportions et de combinaisons différentes de la matière indifférente unie à la matière essentiellement active[1] ; alors, dans l’homme, la matière indifférente opère passivement les

  1. La première antiquité reconnoissoit deux principes, l’un inactif, l’autre actif. Les Chinois ont encore la matière en repos et le mouvement qui la modifie. L’absence du feu fixe et durcit les corps ; sa présence les agite, les liquéfie, les volatilise. Son absence absolue produiront apparemment un repos absolu, une