leur nature invisible : avouons que la vérité n’est pas plus dans les choses que nous jugeons, ou dans les rapports métaphysiques que nous supposons, que la couleur dans l’objet que nous voyons, ou dans le milieu qui nous la transmet ; et après avoir en notre grandeur fantastique, fondé les opinions humaines ; et aveugle mortel, osé dire aux mortels aveugles
qu’il faille une sagesse bien rare pour être détrompée de celle qui flatte, le plus les grandes âmes, et sur laquelle l’expérience ni des autres, ni de soi-même, ne peut rien apprendre.
La vie est une série d’impressions et d’idées. Il y a dans cette série une suite, une sorte de continuité, ensorte qu’une affection participe de la précédente, et paroît essentiellement liée à celle qui suit ; il en a résulté une habitude de cette même continuité d’où nous inférons une durée sans terme. Mais pour que cette attente illimitée de l’avenir prouvât quelque chose en effet pour notre indestructibilité, il faudroit que cette série, que nous supposons ne devoir pas finir, n’eût pas commencé non plus ; car ces deux termes nous surprennent l’un comme l’autre. Si l’un est réel, comment l’autre seroit-il contradictoire ? Vous riez de la métempsycose ; sa fable étoit plus ingénieuse et plus conséquente.
J’adjure tout homme d’un sens droit d’avouer que ce passage de la non — existence à l’existence détruit