Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/284

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selle, à toutes ses actions celle de la grandeur ; il porte, dans tout ce qu’il juge, une lumière simple et nouvelle ; et dans tout ce qu’il opère, un caractère profond de simplicité originale, et de cette perfection naturelle qui donne tout à la nécessité des lois primitives, rien aux systèmes secondaires, à l’opinion accidentelle.

Sans une grande érudition, il éclaire en un jour les questions difficiles qu’agitent les savans

    cipe, ces altérations qu’ensuite ils respectent parce qu’ils les confondent avec cette vérité première dont ils vénèrent l’ancienneté. Ainsi que l’homme crédule cesse de s’autoriser du peut-être du sage contre le blâme décisif de l’homme plus instruit que profond ; car la vérité est tellement défigurée dans son esprit que de la manière dont il l’entend y elle n’est plus qu’erreur. Le dogmatiste ne sait point la reconnoître sous ce costume ennemi, et la méprise inconsidérément parce qu’en effet elle porte un masque réprobateur. Mais le sage n’en attribue les dehors qu’aux hommes qui l’ont ainsi déguisée ; il la reconnoît, la dévoile, et la montrant, ainsi rétablie sous sa forme première, aux deux juges, l’un inepte et l’autre téméraire, qu’elle avoit trompé, il prouve à tous deux qu’ils avoient également tort, l’un en la méconnoissant parce qu’elle étoit déguisée, l’autre en prétendant la connoître par ce déguisement même qui lui donnoit une forme étrangère.