troupeaux, en fauchant ses foins, en faisant ses fromages.
L’île de Rousseau convient au facile abandon, à la vie douce et reposée, que choisiroient des hommes réunis pour s’éloigner des autres hommes, pour échapper à la fatigue sociale, et maintenir le rêve d’un homme de bien à l’abri des vérités de la foule. Son indicible quiétude est délicieuse à l’automne de la vie, et encore à ces jeunes cœurs tristement mûris par des affections prématurées, et dans qui le désenchantement a devancé le soir des années ; mais elle n’est point également propre à une ame forte et simple qui, lasse de la vanité de sa vie et seule parmi les hommes moulés dans la forme publique, voudroit vivre quelques heures du moins avant le néant. Les hautes vallées des Alpes seroient sa véritable patrie ; il lui faut cette mâle aspérité, ces formes sévères, la nature grande et l’homme simple, la permanence des habitudes nomades, et des monts immuables ; il lui faut des hommes, tels qu’ils étoient avant les tems nouveaux, puissans par leurs organes et forts dans leurs sensations, enfans dans les arts, et bornés dans leurs besoins. Il lui faut des formes alpiennes ; le repos sauvage, et des sons