diverses sinuosités de ses buttes sableuses, et les débris de ses grès dispersés. La plus élevée de ces buttes domine assez au loin les forêts voisines : quelques bouleaux isolés ont pris racine sur son sommet battu des vents, et j’allai jouir des derniers feux du jour sur les grès écroulés le long de la pente qu’elle incline au soleil couchant.
Dans cet espace inculte et désert, la végétation étoit foible et rare. Deux ou trois bouleaux sans feuilles et de la bruyère desséchée, laissoient à ce lieu sauvage l’expression d’une solitude profonde. J’avois long-tems confondu avec les couches de sable et les parcelles blan-
cent pieds. Cette illusion trompe sans cesse le montagnard habitué à estimer différemment les grandeurs et les distances. Un Hollandois transporté dans les Alpes, croira traverser, en une demi-heure, un lac de trois lieues, et parvenir en deux heures de marche, au pied d’un mont qui s’élève à douze lieues à l’horizon. Ainsi les deux extrêmes se rapprochent à la portée de notre vue. Il sembleroit que la nature ait également craint de nous blesser par la petitesse de ses formes, et de nous désespérer par leur immensité. Le très-grand et le très-petit sont inaccessibles à l’œil de l’homme ; et dans la sphère étroite qu’il peut embrasser, les points extrêmes sont encore rapprochés.