Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/31

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nièreerrante, quelques vérités dans le silence et la profondeur de la nature.

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Près de. . . . . . . sont des sables arides et peu fréquentés, qui présentent un espace ouvert au promeneur qui veut errer librement. Leur aspect assez sauvage rappelle des idées d’indépendance et d’abandon propres à nourrir les rêveries, plaisirs des solitaires, et volupté des cœurs infortunés comme des cœurs aimans. Des monticules de sable nu, de petites plaines de bruyères et des hauteurs boisées remplissent cet espace que je nomme le désert, cherchant à ajouter à son étendue, comme à embellir l’expression de ses différens sites, creusant d’idée les terrains les plus bas en vallées profondes, changeant en pâturages quelques herbes desséchées, et transformant en chaînes d’âpres rochers et de sommets élevés[1], les

  1. Dans les plaines où les collines ne sont que des taupinières, et où la petitesse des objets donne à toute une contrée la monotonie d’une surface nivelée et comme dépouillée, l’homme voit une grandeur, une élévation qui n’existent pas. On croit ce roc à une lieue, il n’est qu’à mille pas ; l’on pense qu’il faudra un quart d’heure pour monter une butte qui n’a que