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Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/339

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SOMMAIRE
De la onzième Rêverie.



L’habitude devient un joug pour les âmes foibles, mais cela même est un moyen d’établir des mœurs publiques. Son pouvoir indirect pourroit encore retenir l’imagination. C’est surtout cette faculté de supposer des rapports imaginaires, qui étend les relations au-delà des forces, et la dépendance bien plus que les plaisirs.

Ce furent les misères réelles qui produisirent des terreurs, chimériques. Les rêves heureux qu’elles enfantèrent aussi quelquefois sont un fléau de plus, les momens les plus pénibles de la vie sont ceux qui montrent le néant des biens que l’on s’étoit promis. Différence essentielle entre les désirs du besoin et les désirs de l’imagination.

Des mœurs ; sans elles les meilleures lois sont impuissantes ; sans elles l’on ne tient jamais vraiment à sa patrie. L’amour de la patrie n’exclut pas nécessairement la bienveillance pour les autres hommes : pourquoi il l’exclut ordinairement.